Plantons le décor…
Sur le Disque-Monde, on fête “la Nuit du Porcher”.
Le Père Porcher apporte des cadeaux avec son traîneau tiré par des cochons (et oui, c’est le Disque-Monde).
Mais cette année, il a disparu.
La Mort va le remplacer avec tout le sérieux qui la caractérise, et Suzanne, sa petite-fille, va mener l’enquête.
Suzanne, un personnage très réussi
Suzanne est gouvernante, mais pas comme Mary Poppins :
Elle était devenue gouvernante. Un des rares emplois qu’une aristocrate reconnue pouvait tenir. Et elle y avait pris goût. Elle s’était juré que, le jour où elle se retrouverait à danser sur les toits avec des ramoneurs, elle se frapperait à mort à coups de son propre parapluie.
Sur le Disque-Monde, quand les enfants parlent des monstres cachés dans la cave, Suzanne prend le tisonnier et va leur régler leur compte.
Les adultes, ne voyant aucun monstre, trouvent ça très pédagogique de faire croire à l’enfant que l’on fait fuir le monstre (surtout quand on remonte de la cave avec un tisonnier tout tordu).
Le roman
Il est divisé entre la MORT, qui remplace très consciencieusement le Père Porcher, et Suzanne, qui poursuit un vrai méchant.
Oui, pour une fois, il y a un personnage vraiment ignoble et inhumain.
La MORT est vraiment un personnage central du Disque-Monde.
Un personnage que j’apprécie beaucoup dans ses tentatives d’être plus humain que les humains, ou ici, plus Père Porcher que le Père Porcher lui-même.
La MORT est très égalitaire. Ne vient-elle pas pour le riche, le puissant, comme pour le pauvre ?
Alors, la MORT veut des cadeaux pour tous les enfants.
Elle ne veut pas de faux Pères Porcher, mais un vrai, avec de vrais cochons qui urinent dans le magasin (pour le plus grand bonheur des enfants).
Elle porte un regard sincère qui met bien en lumière nos hypocrisies sur une fête de partage et de réjouissances.
En conclusion
Bonne intrigue pour ce roman à trois voix : Suzanne, la MORT et un membre de la guilde des assassins qui fait froid dans le dos. Bien mieux que “L’Étrange Noël de Monsieur Jack” que pourtant j’adore.
Quelques citations
C’est l’espoir qui compte. Une part importante de la foi, ça, l’espoir. Donnez aujourd’hui d’la confiture aux gens, et ils s’attablent pour la manger. Mais promettez-leur d’la confiture pour demain… et vous les faites cavaler jusqu’à la fin de leurs jours.
— Quand on veut s’engager sur la voie de la sagesse, le premier pas à faire, c’est de devenir un petit enfant.
— Vous croyez qu’ils ont entendu parler du deuxième pas ?
Elle était devenue gouvernante. Un des rares emplois qu’une aristocrate reconnue pouvait tenir. Et elle y avait pris goût. Elle s’était juré que, le jour où elle se retrouverait à danser sur les toits avec des ramoneurs, elle se frapperait à mort à coups de son propre parapluie.
— Et la boue ? insista le maître d’hôtel d’un air morne. Vous allez empoisonner tout le monde.
— Une expression ne dit-elle pas qu’il est plus digne de mourir de boue ?
C’EST LA CROYANCE QUI REND HUMAIN. CROYANCE AU BIEN OU AU MAL, C’EST DU PAREIL AU MÊME.
Le monde recelait tant de méandres que les enfants n’avaient aucune chance de s’y intégrer si leurs géniteurs ne leur faussaient pas un tant soit peu la cervelle. Et les siens, consciencieux, attentionnés, lui avaient donné un foyer et même une éducation. Une bonne éducation, d’ailleurs.
« PRENDS L’UNIVERS, RÉDUIS-LE EN POUDRE TRÈS FINE, PASSE CETTE POUDRE AU TAMIS LE PLUS SERRÉ ET ENSUITE MONTRE-MOI UN SEUL ATOME DE JUSTICE, UNE SEULE MOLÉCULE DE PITIÉ. ET POURTANT… »
La Mort agita la main.
« ET POURTANT LES HOMMES AGISSENT COMME S’IL EXISTAIT UN ORDRE IDÉAL DANS LE MONDE, COMME S’IL Y AVAIT DANS L’UNIVERS UN… UN ÉTALON DU BIEN À L’AUNE DUQUEL ON POURRAIT LE JUGER »
Quand on est adulte, on ne craint, disons, que des désagréments logiques. La pauvreté. La maladie. Se faire démasquer. Au moins, on ne devient pas fou de terreur à cause de quelque chose sous l’escalier. Le monde ne se compose pas d’ombre et de lumière arbitraires. Le monde merveilleux de l’enfance ? Eh bien, ce n’est pas une version tronquée de celui des adultes, pas de doute. C’est plutôt la version adulte écrite en grosses lettres. Tout est… davantage quelque chose. Davantage tout
— DES ÉTOILES EXPLOSENT, DES MONDES SE PERCUTENT, IL N’EXISTE POUR AINSI DIRE AUCUNE RÉGION DE L’UNIVERS OÙ L’HOMME PUISSE VIVRE SANS FINIR GELÉ OU GRILLÉ, ET POURTANT IL TROUVE QU’UN… QU’UN LIT, C’EST UNE CHOSE NORMALE. VOILÀ UN TALENT DES PLUS ÉTONNANTS.
— Un talent ?
— OH, OUI. UNE FORME TRÈS PARTICULIÈRE DE BÊTISE. L’HOMME S’IMAGINE AVOIR TOUT L’UNIVERS DANS LA TÊTE
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Cet article « Les Annales du Disque-Monde, Tome 20 : Le Père Porcher » est paru en premier sur Post Tenebras Lire.
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