La Prophétie de l'abeille - Keigo Higashino - 3/5

Un matin d’été, la voiture de l’ingénieur Yuhara pénètre dans le complexe de Nishiki Heavy Industries. C’est aujourd’hui que l’hélicoptère sur lequel il travaille depuis des années doit être livré à son commanditaire, l’Agence de défense du Japon. Sa femme et son fils l’accompagnent pour assister à la démonstration de vol. Yuhara se rend dans son bureau tandis que sa famille l’attend à la cafétéria en compagnie de l’épouse d’un collègue et de son petit garçon. Les deux enfants vont jouer dehors et réussissent à se glisser dans le hangar où se trouve l’hélicoptère, et même à bord de l’appareil. L’un des deux est encore dedans lorsque celui-ci se met à bouger. Bientôt, sous les yeux terrifiés de son compagnon de jeu, l’hélicoptère prend son envol. D’abord stupéfaits, les ingénieurs comprennent bientôt que l’appareil a été manipulé à distance. Moins d’une heure plus tard, l’hélicoptère s’immobilise au-dessus d’un réacteur nucléaire. Les autorités reçoivent un message signé de “l’Abeille du ciel” : l’appareil, chargé d’explosifs, s’écrasera sur le réacteur quand il aura épuisé son carburant si toutes les centrales du Japon ne sont pas mises immédiatement hors d’état de fonctionner…

Dans ce thriller magistral publié pour la première fois au Japon en 1998, Keigo Higashino décrit en temps réel la menace d’une catastrophe nucléaire. Alliant l’art du rebondissement à l’intelligence des situations, il compose une intrigue imparable, portée par la prescience du désastre à venir.

Veuillez noter la date du roman : 1998.
Ce roman est un moyen unique et prémonitoire d’appréhender un peu mieux le nucléaire au Japon.
Comment est-il perçu ? En ville ? Dans les campagnes ? Dans les cercles du pouvoir ? Parmi les citoyens ? Pour les employés permanents ou temporaires ?
Le roman donne la parole à toutes ces catégories avec des motivations, des points de vue qui sonnent juste.
On ne peut s’empêcher de faire des parallèles avec la situation du Japon actuellement.
Ce roman est extrêmement bien documenté aussi bien sur l’aspect aéronautique que nucléaire.
Je dois reconnaître que cet aspect est à double tranchant.
D’un côté, le roman est totalement crédible : tous les aspects techniques de l’intrigue semblent réels.
D’un autre côté, le roman, surtout quand l’enquête commence, peine à prendre son rythme. Il en devient parfois froid et manque d’émotions, car les longues explications cassent le rythme et masquent l’aspect humain.
Le roman est parfois un peu trop cérébral.
De plus, il se passe en grande partie en milieu professionnel : on suit parfois un peu longuement des cadres qui peinent à prendre des décisions.

Il y a en effet plusieurs aspects qui auraient pu être développés.
L’enfant à bord de l’avion passe paradoxalement au second plan. Son père plus qu’inquiet n’est pas tellement développé. C’est vrai qu’il est entouré de collègues. Et on n’exprime pas aussi clairement ses sentiments dans ces conditions.
Les motivations de l’Abeille du ciel sont elles très fortes et prenantes, mais arrivent très tard dans le roman.
Elles sont traitées trop rapidement. Alors qu’elles couvrent d’autres aspects intéressants de la société japonaise (désolé je ne peux pas spoiler).

Malgré ces défauts, c’est un très bon polar qui converge vers un final angoissant. Il y a de nombreux rebondissements lors d’une enquête proche du terrain. C’est une occasion unique de prendre le pouls d’un Japon embarqué malgré lui dans un événement nucléaire.



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