Pierre Tallendier est un très grand mutilé de la Première Guerre mondiale .
Il ne lui reste que les yeux pour regarder un morne plafond.
Emprisonné dans son corps, il va trouver une échappatoire.
Il va se projeter dans le corps de ceux qu’il rencontre.
Certaines oeuvres résonnent par les rencontres que j’ai pu faire avec d’autres par le passé (passé parfois lointain).
Elles enrichissent, diversifient et approfondissent les thématiques.
J’ai retrouvé dans “Animus” :
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un peu de Johnny s’en va-t’en guerre Je l’avais vu il y a des années (en film donc). Ce fut un film marquant.
Le roman comme le film sont profondément antimilitaristes. “Animus” l’est aussi, mais il profite de sa narration pour envisager la guerre de multiples points de vues. -
un peu de Carbone modifié.
Mais … pas du tout la même ambiance ! Il y a aussi dans “Carbone modifié” des personnes qui se retrouvent dans d’autres corps.
Mais plusieurs points étaient vraiment sous ou pas exploités.
Rétrospectivement “Carbone modifié” est très masculin. Son personnage principal est si “efficace”. Il doute somme toute si peu.
Et l’échange de corps, l’identité passe complètement à côté d’un thème important :
Est-on un homme dans le corps d’une femme et réciproquement ?
Qui est-on vraiment ? Profondément ? Quand on change de corps, quand on habite un voleur, un profiteur, un résistant, un tortionnaire … -
mais aussi un peu des Miracles du bazar Namiya
Les sujets sont très différents. Mais il est amusant de constater que deux de mes auteurs de polars favoris (des polars très très différents, il faut le dire) fassent une incursion dans le fantastique. -
J’y ai trouvé aussi un final (attention je divulgâche un peu) qui m’a rappelé un de mes romans favoris : “Le Roi des Aulnes” de Michel Tournier.
Son final est tout aussi émouvant et justement les deux récits couvrent à peu près les mêmes périodes.
J’ai trouvé dans “Animus” les qualités que j’attends d’un grand roman.
- une histoire personnelle qui se mêle à la grande
- du temps qui laisse aux personnages une durée pour se construire ou se déliter
- des personnages complexes à la fois admirables et détestables
- le doute
- Pas de grand pouvoir. Le pouvoir de Pierre Tallendier vous semble impressionnant, un pouvoir à sauver le monde ?
Ce n’est pas la facilité dans laquelle Jean-Baptiste Ferrero tombe.
Les personnages sont profondément enlisés dans une époque malsaine.
Ce “grand pouvoir” me rappelle aussi un autre film/roman marquant : “Dead zone”. - un ancrage profond et authentique dans le réel. Je retrouve bien la plume de Jean-Baptiste Ferrero
En conclusion
J’apprécie Jean-Baptiste Ferrero pour ses truculents polars cathartiques.
Il y avait un grand risque à aborder un sujet plus grave.
Et bien dans un cadre si différent, le roman est une réussite !
Le trouver en eBook ?
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