Journal d'Hiroshima : 6 août-30 septembre 1945 - Michihiko Hachiya - ★★★★☆

Avec ce journal, je peux vous recommander une lecture pour ceux qui voudraient découvrir la vie, la survie, la mort des habitants d’Hiroshima juste après la bombe, mais qui seraient rebutés par la lecture d’un manga.
Comme “Gen d’Hiroshima” c’est un témoignage de première main. Il y a cependant des différences fondamentales :

  • Gen d’Hiroshima est un manga qui vous confronte graphiquement avec l’horreur.
    Suivant votre propre sensibilité, lisez plutôt ce livre-ci.
    La dévastation, la mort ont-elles plus d’impact lu que dessiné ? Je ne saurai répondre à cette question.
  • La période couverte est beaucoup plus courte.
    Gen d’Hiroshima en sautant quelques périodes couvre plusieurs années après la bombe et évoque bien plus de sujets
  • C’est le journal d’un adulte.
    • C’est le journal d’un médecin qui travaille au sein d’une structure qui est encore soutenue par certaines autorités. Une grande partie du roman est dédiée à la recherche de la cause des décès incompréhensibles.
      Chez “Gen d’Hiroshima”, on est beaucoup plus confronté à un effondrement des valeurs et des institutions.
      Il est livré à lui même. Il lutte contre la faim dans une grande détresse.
    • Le docteur a lui le soutien de ses collègues et parfois des institutions (ou ce qu’il en reste)
    • L’auteur est beaucoup plus favorable à la politique japonaise d’alors (du moins au début).
      Alors que même avant la bombe, la famille de Gen était déjà beaucoup plus réservée voir hostile à la politique belliqueuse du gouvernement.
      Le médecin révise cependant sa position face à la démission de l’armée, mais garde cependant intacte sa vénération de l’Empereur.
  • Même avant la bombe, Gen est confronté à la violence de la société japonaise de l’époque. Violence qui ira en s’aggravant.
  • Il y a dans le journal de Michihiko Hachiya beaucoup plus de relations amicales et empreintes de respect. Chez Gen on se frappe, on se fait frapper, tuer, on vole, on est volé …

Il y a de forts points communs

  • La dévastation, la mort partout, mais souvent incompréhensible.
    Personne ne connaissait la bombe et ses effets.
  • La mort des proches
  • Une société livrée à elle-même qui perd ses valeurs

Ce roman est une occasion unique de percevoir le basculement vers une société plus pacifiste et antimilitariste.
Les Japonais ont rejeté la clique militaire qui a précipité le pays dans une guerre expansionniste. Ils en ont perçu la lâcheté et la bêtise.
Je me demande si cette leçon ne risque pas de tomber dans l’oubli. Surtout si l’on considère la politique actuelle.
L’empereur est totalement exonéré de cette guerre. Il garde une incroyable vénération de la part de son peuple.
Il y a d’ailleurs dans le journal la description d’un épisode de  Japonais sauvant son portrait des flammes !



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