Fukushima, 10 ans après : Sociologie d'un désastre - Cécile Asanuma-Brice - 4/5

Quels sont les impacts sur la population d’une grande catastrophe dans un pays développé et riche ?
Si vous voulez connaitre la réponse japonaise à cette question, alors ce livre est fait pour vous.

Ce livre offre un large panorama tout en restant suffisamment concis et clair.
Pourtant, les sujets traités sont nombreux :

  • les réponses politiques successives
  • la communication nationale. locale aux populations
  • les initiatives et associations montées par la population japonaise
  • les réfugiés “volontaires” ou non
  • ceux qui sont restés
  • l’impact des départs/fuites
  • les conditions du retour
  • la décontamination

Et ces thématiques sont observées sur la durée. C’est essentiel.
Exemple : Le point de vue sur son refuge change énormément en 10 ans !

Quelques points que j’ai retenus

Le gouvernement a donc jugé de zone d’exclusion sur une base de distance kilométrique et non pas sur des mesures.
L’initiative des mesures de radioactivité locales a été prise par des citoyens.
L’information fut extrêmement limitée et imprécise aussi bien lors de l’évacuation que lors du retour.
Une population assez âgée, vivant de façon modeste, solidaire (échanges des aliments cultivés ou élevés), autonome (autant que faire ce peu en cultivant soi-même), s’est vue relogée en refuge, en appartement, puis très incitée à revenir.
Mais pourquoi et vers quoi revenir ? Des villages déserts, sans infrastructure, à l’environnent dévasté.
Même sans l’incertitude et donc la peur de la radioactivité, comment forcer les populations à rentrer ?
Il y a d’autres solutions : les campagnes japonaises se dépeuplent !

Les organisations créées par et pour les Japonais finissent par s’essouffler en 10 ans.

Certains considèrent les réfugiés comme des assistés appuyés en cela par des messages qualifiant le retour de sans danger, sans problème.
Parler de certains réfugiés comme de “réfugiés volontaires” ne fut pas sans conséquences.
Le choix des mots.
La communication gouvernementale …

La réouverture de la totalité de la zone évacuée était l’un des principaux challenge des trois mandats successifs de Shinzô Abe14. Pour ce faire, il opta pour l’attribution d’un budget de deux milliards d’euros destiné à communiquer sur le risque, de façon à inciter le retour des habitants dans les zones concernées.

En conclusion

Si vous voulez savoir comment un pays riche, appréhende, réagit à une catastrophe de grande ampleur ce livre est pour vous.
Mais prenez garde à la réponse que vous y trouverez !
Toute ressemblance avec les autres évènements de l’époque contemporaine serait purement fortuite.

Les processus de violence et d’exclusion, générés par la structure mise en place pour gérer le désastre, sont constitutifs de l’accident nucléaire.

Les rémissions auraient été plus nombreuses si le refuge avait été permis et accompagné pour ceux qui le souhaitaient et si avaient été mis en place des outils d’aide à la recherche d’un emploi, d’un logement et l’élaboration d’un suivi social stable et durable, destiné à soutenir la transition vers un nouveau lieu de résidence.

Quelques citations supplémentaires

Si, dans une première période, la rétention d’informations avait en partie pour but de ne pas engendrer une panique parmi les habitants, elle avait aussi pour cause profonde la confusion dans laquelle se trouvaient les responsables politiques forcés de gérer une situation à laquelle le pays n’était pas préparé. Par la suite, l’information fut orientée afin de ne pas entraver les choix industriels du pays.

Si la grande majorité des sites de logements provisoires ont été fermés en 2017, certains sont encore occupés dix ans après, les résidents sommés de partir n’ayant pas eu d’endroit où aller

La mise en place d’un système de logements publics destinés à une population à faibles revenus n’est ni logique ni naturelle. En France, elle fut le résultat d’un long processus de luttes sociales et politiques destiné mettre fin à une situation sanitaire déplorable.

Pour les personnes sinistrées, la perte de leurs biens (maison, ferme, terres ancestrales), de leurs animaux, de leurs connaissances, de leurs emplois, la difficulté à payer leurs loyers au lieu de refuge, la perte des soutiens communautaires, etc., furent autant de facteurs à l’origine de la permanence d’états post-traumatiques.

Les subventions octroyées ici ont pour objectif de contraindre des personnes socialement vulnérables à accepter le risque contre un peu de monnaie (la somme proposée pour les personnes seules représentant deux mois du salaire moyen).

Le trouver en eBook ?



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