Avec cette chronique, je vais tenter de répondre à la question :
Est-ce le livre à lire pour découvrir le monde des Yakuzas ?
Les premiers chapitres…
Parlent surtout du contexte et des circonstances de tournage du documentaire « Young Yakuza »
C’est un documentaire sur Masatoshi Kumagai. Quelques mois de la vie d’un chef d’un clan Yakuza.
Je l’avais vu en 2008.
Il faudrait avoir vu récemment le documentaire pour trouver dans ces premiers chapitres un intérêt suffisant.
Mais ils donnent une idée de la naissance de ce livre et comment il en est venu à accepter des entretiens pour parler de sa vie et de sa trajectoire au sein des Yakuzas.
Les chapitres suivants sont le récit de sa vie telle que Masatoshi Kumagai la raconte.
La vie de Masatoshi Kumagai
Vie fascinante d’un jeune en rupture avec la société japonaise conventionnelle.
Récit fascinant, mais qui m’a mis mal à l’aise sur plusieurs points :
Les qualités, la force de caractère, les convictions, le volontarisme sont très fortement mis en avant.
Même quand elles se contredisent.
Exemple : il organise son mariage et refuse d’inviter des membres du clan, invoquant une claire séparation de sa vie privée et de sa vie « professionelle ».
Petit problème : ledit mariage, le traiteur, les cadeaux… sont très, très largement financés par le milieu (complètement en fait).
Les rappels répètés que la carrière policière et celle de Yakuza sont très proches et demandent au fond les mêmes qualités.
Je suis très partagé sur ce point !
Masatoshi Kumagai a voulu un moment devenir policier jusqu’au moment… où il a poignardé plusieurs personnes !
La comparaison omniprésente entre « chef » Yakuza et « chef » d’entreprise.
Oui il se voyait, il se voit clairement dans le livre comme meneur d’hommes.
Quelles qualités faut-il ? Quelle attitude employer vis-à-vis des subalternes ?
Quelle exemplarité ? Quelles valeurs montrer ?
Et c’est là que mon malaise est revenu : non je ne pense pas qu’un clan Yakuza est « comme » une entreprise.
On pourrait, certes, faire une lecture cynique du capitalisme en trouvant que, de plus en plus, une entreprise subordonne et demande l’adhésion de ses employés comme un clan Yakuza.
Mais nous n’irons pas jusque là n’est-ce pas ?
Masatoshi Kumagai se voit comme quelqu’un à la recherche du gagnant-gagnant (c’est dans le texte) du compromis qui ne lésera personne.
Il est vrai qu’il fait preuve de ténacité, de souplesse et d’intelligence et personne ne semble perdre la face, mais on parle quand même de recouvrement de dette, de règlement de litige, de « protection » Yakuza !
Somme toute, Masatoshi Kumagai confesse peu de choses.
En conclusion ?
Fascinant récit de l’ascension au sein d’un clan Yakuza, d’un jeune au caractère prédestiné.
Je ne saurais par contre conseiller ce livre comme première lecture sur ce monde.
La peinture qui en est faite me semble passer sous silence une grande partie de la nature (sombre et violente) de la vie Yakuza.
Je vous recommande plutôt « Tokyo Vice » et « Le Dernier des Yakuzas » de Jake Adelstein.
Jake ayant vécu au Japon et côtoyé directement des Yakuzas est à même de mettre en perspective les récits racontés par les Yakuzas eux-mêmes.
Le lire en eBook
Cet article "Confessions d'un Yakuza" est paru en premier sur Post Tenebras Lire