Je vais faire une critique un peu spéciale : « ce que ce livre n’est pas ».
Attention, je divulgâche…
Ce n’est pas un livre de science-fiction
Oui il y a une exoplanète, des observatoires, un vaisseau spatial, un voyage interstellaire…
Alors pourquoi ne serait-ce pas de la « SF » ?
Il faut consentir à suspendre son incrédulité en lisant un roman de science-fiction, accepter des prémisses.
Mais « Le moineau de Dieu » casse certains principes et certaines limites parfois allègrement.
Quelques exemples qui divulgâchent un peu…
- L’équipage arrive sur la planète et… ouvre la porte pour sortir sans scaphandre !
La comparaison avec « Aurora » de Kim Stanley Robison est frappante. - Au bout de peu quelques jours, ils mangent même les plantes locales.
Chacun mange des aliments différents et si personne n’est malade alors c’est décrété comestible… sur une exoplanète !
Une procédure rigoureuse !
Un membre meurt d’ailleurs peu après et on s’étonne, on s’interroge un peu et la vie continue. - Une courte utilisation imprévue du module d’atterrissage et paf la tuile… il n’y a plus assez de carburant pour remonter en orbite pour rentrer !
Personne n’a pensé à marquer « ne pas taper dans la réserve sinon on est coincés ici » ?
Trouver du carburant passe assez rapidement au second plan. - On peut se promener en ville extra-terrestre sans susciter plus d’étonnement que ça.
- On croise un individu bien pourvu en griffes et en dents après avoir côtoyé une population pacifique de cueilleurs.
Personne ne se méfie.
J’avais envie de leur dire : faites gaffe c’est un prédateur. C’est même le seul à la ronde.
Vous ne voyez donc rien ?
Vous n’avez pas lu « La machine à explorer le temps » d’H.G. Wells ?
Ce n’est pas un roman qui va droit au but
Que raconte ce roman ?
Le roman est celui d’une mission jésuite partant pour une contrée inconnue, car on y a entendu des « chants ». Mais un seul homme est revenu, un prêtre, affreusement mutilé et accusé de prostitution et de meurtre d’une enfant.
Vous aurez envie de savoir, mais le prêtre physiquement et psychologiquement ne peut pas « dire » ce qu’il s’est passé.
À l’aide de retours en arrière, on découvre petit à petit qu’une sorte d’alchimie a rassemblé un groupe d’amis.
Au moment où le groupe est rassemblé, les chants sont détectés.
Tout s’emboite à merveille et le groupe constitue le cœur de l’expédition.
Les chants, les obstacles qui s’aplanissent, les coïncidences suscitent déjà un sentiment religieux. « Il » doit être derrière tout ça.
Mais cela a accru ma frustration : ils étaient tous amis et il est revenu seul ! Ils sont donc morts, mais comment ? Pourquoi ?
Et les réponses ne viennent pas vite.
La planète semble être au début un paradis. Dieu semble se révéler par sa création exubérante.
On arrive à parler les langues respectives extra-terrestres et humaines, mais…
L’espèce d’euphorie et d’harmonie de groupe écarte tous les signaux d’alerte.
Et la chute terrible, totale, abjecte et au-delà de tout pour un prêtre qui cherchait Dieu et qui a cru le trouver au travers de chants et d’une planète dont ils ont tous fait une lecture erronée.
Complètement erronée.
Conclusion
Ce n’est pas un livre de science-fiction. C’est un livre qui parle sans cesse de religion au travers d’une mission jésuite.
Mission qui croyant trouver Dieu dans la beauté du monde et de ses heureuses coïncidences, se fourvoie et se prend l’impitoyable réalité crue en plein visage.
Jusqu’à la mort.
Jusqu’à l’humiliation.
Par certain côté, cela me rappelle le refrain de « Blasphemous rumors » de Depeche Mode
I don’t want to start any blasphemous rumours
But I think that God’s got a sick sense of humour
And when I die, I expect to find him laughing
« sick sense of humour » quel euphémisme.
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