Mémoires écrits dans un souterrain - Fiodor Dostoïevski - ★★★★☆

C’est un roman offert par la Bibliothèque Russe et Slave.
Avertissement : je n’ai pas lu de Dostoïevski depuis un moment, mais adolescent j’ai dévoré une grande partie de ses romans.

Ce roman assez court est le récit à la première personne de quelques tranches de vies d’un homme seul, lâche, honteux, pauvre, déprimé, vindicatif …
Je dépeins là un magnifique tableau qui ne donne pas envie de lire ce roman.
Et pourtant il le faut.

Car chez Dostoïevski, l’homme le plus vil est un miroir qui nous est tendu. On s’y voit et l’on observe notre part la plus lâche, destructrice, renonciatrice. Et le narrateur est doué pour l’introspection la plus poussée. C’est cruel, mais tellement finement observé et perspicace que cela en est fascinant. On veut découvrir où l’humiliation mène.
Loin des discours positifs, de la vertueuse créativité, du plaire comme mode pensée, il faut lire ce roman pour se plonger dans ce qui nous titre vers le bas, vers la destruction, vers l’obscurité, vers le souterrain.

Quelques citations

La souffrance, par exemple, est exclue des vaudevilles, je le sais. Dans un palais de cristal elle est inadmissible : la souffrance est un doute, une négation ; or, qu’est-ce qu’un palais de cristal où l’on peut douter ? Cependant, je suis sûr que l’homme ne renoncera jamais à la vraie souffrance, c’est-à-dire à la destruction, au chaos. La souffrance ? mais c’est l’unique cause de la conscience

Le fruit direct, normal, immédiat de la conscience, c’est l’inertie, c’est-à-dire l’inaction consciente. J’en ai déjà parlé plus haut. Je le répète avec insistance : tous les hommes immédiats, les hommes d’action ne sont tels que parce qu’ils sont obtus et bornés.

Il y a un seul cas, un seul, où l’homme peut exprès, consciemment, désirer quelque chose de nuisible, de stupide et même d’absurde ; c’est quand il veut avoir le droit de désirer même l’absurde et n’être pas lié par l’obligation de désirer seulement ce qui est raisonnable.

On peut tout dire sur l’histoire universelle, tout ce que peut inventer l’imagination la plus déréglée. Il n’y a qu’une chose que l’on ne puisse pas dire : qu’elle soit raisonnable

L ’homme, toujours et partout, quel qu’il fût, a aimé agir comme il voulait, et non comme le lui dictaient la raison et l’intérêt. 



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