Quatrième de couverture
Barcelone années cinquante, le jeune Adrià grandit dans un vaste appartement ombreux, entre un père qui veut faire de lui un humaniste polyglotte et une mère qui le destine à une carrière de violoniste virtuose.
Brillant, solitaire et docile, le garçon essaie de satisfaire au mieux les ambitions démesurées dont il est dépositaire, jusqu’au jour où il entrevoit la provenance douteuse de la fortune familiale, issue d’un magasin d’antiquités extorquées sans vergogne.
Un demi-siècle plus tard, juste avant que sa mémoire ne l’abandonne, Adrià tente de mettre en forme l’histoire familiale dont un violon d’exception, une médaille et un linge de table souillé constituent les tragiques emblèmes.
De fait, la révélation progressive ressaisit la funeste histoire européenne et plonge ses racines aux sources du mal. De l’Inquisition à la dictature espagnole et à l’Allemagne nazie, d’Anvers à la Cité du Vatican, vies et destins se répondent pour converger vers Auschwitz-Birkenau, épicentre de l’abjection totale.
Confiteor défie les lois de la narration pour ordonner un chaos magistral et emplir de musique une cathédrale profane. Sara, la femme tant aimée, est la destinataire de cet immense récit relayé par Bernat, l’ami envié et envieux dont la présence éclaire jusqu’à l’instant où s’anéantit toute conscience.
Alors le lecteur peut embrasser l’itinéraire d’un enfant sans amour, puis l’affliction d’un adulte sans dieu, aux prises avec le Mal souverain qui, à travers les siècles, dépose en chacun la possibilité de l’inhumain - à quoi répond ici la soif de beauté, de connaissance et de pardon, seuls viatiques, peut-être, pour récuser si peu que ce soit l’enfer sur la terre.
Avis
Un roman-fleuve et fascinant de 800 pages.
Se plonger dans un roman exigeant aussi long et aussi bien construit est une véritable expérience de lecture.
Il est cependant parfois difficile d’accès. Les époques se mélangent d’un chapitre à l’autre, d’un paragraphe à l’autre et parfois même dans la même phrase.
J’ai été dérouté plusieurs fois par le saut de plusieurs siècles qui s’opère en plein dialogue.
Cette construction déroutante est cependant absolument brillante. On ne saute pas d’époque sans raison.
On découvre depuis une narration contemporaine dès éléments du passé qui nous parle du présent. Le lien entre passé et présent est porté par des objets.
Un violon, un bijou, un tissu … passent de main en main, sont volés, achetés, transmis et qui transmettent à leur tour une partie de leur destin.
Alphonse de LAMARTINE disait : “Objets inanimés, avez-vous donc une âme Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?” Ici il est bien rarement question d’amour tant le tragique, l’horreur, l’abomination croisent facilement le chemin de ceux qui les ont possédés.
La trame principale du livre est constituée de deux éléments forts : l’amour du narrateur pour Sara et le Mal qui règne et a régné partout. Le livre traverse toute l’histoire d’Europe depuis le moyen-âge jusqu’à nos jours.
Presque tous les personnages tentent de répondre d’une façon ou d’une autre à cela. L’éventail est large : acceptation (du mal), résignation, révolte, et surtout la pénitence …. C’est très émouvant et interpelle le lecteur.
Bémols
Adrià est un surdoué qui semble parfois réaliser à lui tout seul l’idéal encyclopédique (surtout dans le domaine des langues). Un homme aux capacités plus ordinaires n’aurait pas compromis le roman.
Certains bourreaux sont subitement hantés par le regard d’une de leur victime.
En conclusion
C’est une fresque grave à portée universelle, à la construction sophistiquée.
Une oeuvre de virtuose de l’écriture. C’est de loin la meilleure oeuvre que j’ai lue depuis ….un bon moment.
Autres avis
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