Oui c’est ce livre qui sert de base au film de Spike Lee “BlacKkKlansman”.
C’est l’autobiographie de Ron Stallworth qui entre à la police et qui un peu par hasard se retrouve à enquêter sur le Klan en 1978.
Vous y découvrirez l’incorporation d’un jeune noir dans une police blanche, complètement blanche.
Vous y découvrirez comment des policiers infiltrent un mouvement en quête d’adhérents et de visibilité.
C’est à la fois drôle et triste, triste pour notre époque.
Sur la pérennité du Klan
Quelques policiers motivés arrivent facilement à infiltrer le Klan, connaitre ses prochaines actions, ses membres, ses leaders.
Leur méthode ?
Lorsqu’on a affaire à des types comme Duke ou comme Ken, qui ne brillent clairement pas par leur intelligence, la flatterie est la clé. La meilleure approche est de se montrer servile, d’offrir une loyauté sans bornes.
Pourquoi aujourd’hui, le Klan peut-il encore prospérer, s’organiser ? Personne ne veut faire un minimum d’infiltration et de surveillance ?
Une citation pour éclairer se point :
Si un seul Noir, épaulé par une poignée de Blancs et de Juifs motivés, progressistes et éclairés, est capable de l’emporter sur une bande de racistes et de montrer quels abrutis illettrés ils sont vraiment, imaginez ce que pourrait accomplir une nation entière, animée par le même état d’esprit.
Il déclarait en 1978
Mon enquête au sein du Ku Klux Klan a fini par me convaincre que nous triompherons bientôt de ceux qui n’envisagent les minorités qu’à travers leurs propres tares : racisme, xénophobie, intolérance ou fanatisme religieux ; ceux qui dénient tout respect aux gens de couleur, ou à quiconque ne répond pas aux critères de la « race aryenne », et qui refusent de considérer ces derniers comme des êtres humains.
En comparaison avec la situation actuelle…
Sur les idées du Klan
Je vais vous donner une citation :
Il [Duke leader du Klan] voulait mettre en place une milice de la frontière. Armés de fusils à lunettes, des membres du Klan en pick-up iraient tirer sur tous ceux qui se risquaient à traverser le Rio Grande. Une surveillance armée conforme au projet de David Duke sur le contrôle de l’immigration.
Avouez que cette citation ressemble à s’y méprendre aux déclarations de certains hommes politiques.
Ce récit vous permet de mesurer à quel point les idées du Klan se sont diffusées dans la société.
C’est effrayant non ?
Le livre n’est pas sans faiblesses
Il passe beaucoup trop vite sur son itinéraire dans la Police. Il y avait matière à un récit entier en tant que premier noir dans un département de Police.
Il ne donne pas assez de détails sur ses conversations avec les membres du Klan en général et David Duke en particulier. Ils sont, lui et ses collègues, plusieurs fois morts de rire lorsqu’ils sont au téléphone avec les membres du Klan. Vous n’avez pas enregistré ? J’aurais aimé lire certains dialogues in extenso ! Qu’on puisse en rire nous aussi !
Le récit est lucide sur le rôle des médias
Trop souvent, par l’ardeur qu’ils déploient pour trouver un « scoop », les médias génèrent eux-mêmes les événements dont ils parlent ensuite. Ce qui ne sert que l’individu et le sujet couvert, en offrant une tribune ou un pouvoir que ni l’un ni l’autre ne mérite.
Très actuel non ?
En bref
Un récit intéressant, mais bien trop bref sur certains points et qui, rétrospectivement, jette une lumière crue sur ce qu’il est arrivé du Klan et de ses idées.
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