Pour une meilleure expérience de lecture, il me paraît indispensable de relire le précédent roman. Pour les personnages, oui, pour leur histoire aussi, mais surtout pour retrouver l’ambiance et l’esprit du précédent opus. Donc, un conseil : lisez ou relisez “Dans la forêt”. Ce roman est paru en 2020 (ou en 2017 pour la version anglaise).
Voici une petite ligne d’avertissement avant de divulgâcher l’intrigue.
Vous avez bien lu Dans la forêt ? Sinon, remontez vite au-dessus du trait !
Le temps d’après est raconté par Burl, le fils d’Eva et Nell. Ils vivent en autarcie complète au cœur de la forêt.
Le récit oscille entre la chasse, la cueillette, et les histoires et danses qui rendent leur quotidien supportable.
Oui, la poésie imprègne le récit de Jean Hegland.
On y découvre une forêt à la fois protectrice et nourricière.
J’ajouterais également une immense précarité : les trois personnages dépendent du temps, des fruits, des prises.
Une angoisse sous-jacente se fait sentir (peut-être est-ce ma projection).
Les journées s’organisent harmonieusement, tout comme le cycle des saisons, ponctué par de très beaux rituels qui ressemblent à un pacte bienveillant entre la nature et les humains.
Il reste des humains, et personne ne peut se cacher, même au cœur de la forêt. De plus, Burl, né après le monde d’Avant, a soif de rencontres. On le comprend, mais mesure-t-il toute la noirceur de l’être humain ?
Magie de la forêt, noirceur humaine.
J’ai appris que la seule chose pire que de savoir qu’il n’y a plus personne sur Terre, c’est de savoir que les personnes qui restent sont des personnes qu’on ne souhaite pas rencontrer.
Il est fortement question de rédemption, de nature humaine, de confiance et de méfiance.
Le côté lumineux et poétique du récit fait face à une violence enfouie.
Je n’ai pas ressenti la même quiétude que dans le précédent roman, mais plutôt une angoisse mêlée d’un reproche – le reproche que les générations d’après adressent à celles d’avant.
— Vous les vandales, vous aviez tout, dit Colliers tandis que Tousseur s’étouffait. Vous aviez un milliard d’écrans pour vous montrer c’qui s’passait. Vous aviez vos putains d’yeux pour voir. Vous aviez des putains d’thermomètres. Vous saviez qu’les océans, y mouraient, et la calotte glacière aussi, et les abeilles. Vous saviez qu’le temps, y déconnait de plus en plus.
— Si t’as plus d’vingt, ça veut dire qu’t’as bousillé l’monde, répondit Boucle d’oreille, et les autres acquiescèrent bruyamment. T’as tout pris et t’as tout détruit et tu nous as laissé qu’la merde. T’es qu’une vieille vandale qui pense qu’à elle, et main’tnant, tu dois payer.
Bémols
Le récit évoque dès le début la présence humaine, pour disparaître ensuite pendant les deux tiers de l’histoire.
C’est frustrant et cela aurait pu survenir bien plus tard !
Car cela nuit à la lecture :, pressé de découvrir ce que les rencontres allaient apporter, j’ai ressenti moins intensément la poésie du premier roman.
J’ai trouvé fascinant le thème des groupes humains isolés qui inventent leur propre langue et leurs rituels…
Malheureusement, ce sujet est traité de manière trop succincte.
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