Avis
J'ai lu quelques dystopies. Celle-ci est bâtie sur un ensemble d'évènements, de politiques, de croyances, d'attitudes, d'habits, de coutumes qui ont eu lieu ou qui ont déjà eu lieu.Margaret a "additionné" dénatalité, brusque basculement de la république à un régime autoritaire, impact d'un conflit sur les valeurs d'une société, retour de la religion, manipulation du langage, institutionnalisation de délation, ritualisation de la propagande et surtout asservissement des femmes pour bâtir une dystopie crédible et terrifiante.
Chaque ingrédient de son roman nous est connu et "vrai". On se surprend à reconnaitre un habit, un procédé, une attitude, un discours, une méthode, une histoire. Seuls le mélange et le dosage de tous ces ingrédients, en un pays et une époque fictive, sont fiction.
L'histoire ? C'est celle d'une femme réduite par la société à celle de servante reproductrice. Il y a crise multiple : conflit, pénurie, chute de la démocratie, mais surtout chute de la natalité. Seuls les puissants peuvent se reproduire. Oui, reproduire. Nous suivons une servante qui fut une femme et qui se retrouve dépossédée de tout et surtout dépossédée de son propre corps.
La structure du roman ? Des flashbacks d'un passé (forcément lumineux) alternent avec un présent oppressant. Oppressant ? Tout semble si inéluctable, les failles si minces. La sensation d'un dénouement dramatique certain vous accompagnera constamment.
Un roman exceptionnel, prenant et malgré son apparente dystopie en prise presque directe avec le monde.
J'ai lu une édition récente avec une très intéressante postface de l'auteur
J'ai e-emprunté l'eBook : Lien bibliomedia pour les Suisses romands
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