L'agence : Histoires secrètes de la CIA - Antoine Mariotti - ★★★★☆

Antoine Mariotti a rencontré des personnes parfois haut placées qui ont travaillé à la CIA.
Elles racontent l’Agence depuis le 11 septembre jusqu’à nos jours, parfois sur le terrain, mais souvent au siège à Langley.
J’ai beaucoup appris sur le fonctionnement de l’Agence.

Le directeur

Le directeur de la CIA est vraiment influent : en termes de cap et de motivation !
Il oriente les ressources, les budgets les allocations.
Et cette orientation est dictée par le pouvoir en place.
Le directeur est parfois très proche du gouvernement. Aux ordres diraient certains.
Une bonne partie des témoignages parlent de l’adéquation (ou non) entre le directeur nommé par le président et l’agence.

Les priorités

Les priorités changent à un rythme politique absolument incompatible avec le temps nécessaire pour former des analystes, nouer des « contacts ».
Les langues ne sont parfois que très peu maitrisées !
On s’appuie alors sur des services amis.
L’entraide est forte avec la DGSE. On échange des informations. On se voit souvent. On s’apprécie même si côté français, on sait que la CIA espionne aussi la France.
D’autres alliés ont moins de chance : soutenus puis abandonnés au premier revirement.

La torture

Après le 11 septembre, les méthodes changent radicalement.
On torture avec l’aval du président.
Georges W Bush autorise la liste des tortures proposées par la CIA. Toutes sauf deux. Lesquelles, on le saura pas en lisant ce livre.
On torture même si l’on sait l’efficacité très limitée de la torture.
La qualité des renseignements obtenus est médiocre quand les prisonniers sont prêts à avouer n’importe quoi pour que cela cesse.
Le FBI, invité dans les prisons secrètes, le leur dit.
Peu de remords. Juste des regrets du manque d’efficacité et même parfois des promotions !
Gina Haspel qui fut la première femme directrice de l’Agence est liée aux prisons secrètes et aux tortures (avec les destructions de preuves en bonus).

Le FBI

Je savais les deux organismes rivaux. J’ai découvert un peu à quel point !
Si vous êtes recherché par la CIA, réfugiez-vous aux USA !
Soit la CIA a parlé de vous au FBI et vous êtes cueilli à l’aéroport en entrant.
Soit la CIA n’a pas partagé avec le FBI votre identité et vous entrez tranquillement. Bonus la CIA vous perd de vue !
Cela vous semble un peu gros ?
Des membres des commandos du 11 septembre, suivis par la CIA sont entrés aux États-Unis !

L’Irak

Le livre est très clair : Bush, Rumsfeld, Cheney voulaient la peau de Saddam.
L’agence s’est mise au service de ces va-t-en-guerre.
Et comme dans toute grande organisation les voix discordantes trop peu nombreuses ont été mises de côté.

En conclusion

C’est édifiant.
La CIA s’affranchit allègrement des règles éthiques (encore plus depuis le 11 septembre) et en même temps insinue que si elle avait pu couper plutôt la mauvaise herbe…
Les changements de priorité en fonction de la politique, des évènements sapent les capacités de l’Agence à comprendre un pays, une culture, un chef d’État.
Alors faute de mieux, on arme parfois les ennemis de nos ennemis.
Depuis les talibans, la CIA se pose quand même la question de la radicalité des groupes soutenus.
Un maigre progrès.

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